INTERVIEW (Cab Driver Stories) pour ABUS DANGEREUX (Mai 2016)

1- La formule du trio s’est-elle imposée d’entrée de jeu ?

Oui, c’était une volonté depuis le début, mettre en place une formule simple et efficace, facile à manœuvrer. Le trio permet une bonne dynamique, musicale et humaine, tout est plus concentré et plus spontané. Chacun est à sa place, chacun a un rôle bien défini, les troupes sont resserrées, ça simplifie et allège pas mal de choses au niveau de la composition, du studio, des concerts, de l’organisation du groupe, etc. Selon moi, pour un format power pop, c’est clairement la meilleure formule, qui permet à la fois d’être compact et tight, mais aussi, si besoin, plus aéré. On a aussi la particularité d’avoir un batteur/chanteur, c’est une petite singularité supplémentaire.

2 – Un point précis de la genèse du projet : est-ce que vous vous êtes réunis dans uen optique « exercice de style » : OK, on va ré-écouter tous nos Texas Is The Reason et de Promise Ring etc. , et on on va faire un album dans le délire ?

Avec  Sylvain nous voulions simplement rejouer ensemble… lui était depuis de nombreuses années impliquées musicalement dans des scènes plus noise, voir même carrément expérimentales, et moi dans des styles beaucoup plus frontaux et musclés (Crossover Thrash Hardcore) ou à l’inverse plus vintage (Surf Music), on voulait tâter à niveau d’une formule rock indé plus classique, écrire et jouer des morceaux catchy, avec ce qu’on appelle de « vraies guitares »… la notion de riffs s’est un peu perdu dans la culture rock indé ces dix dernières années, le côté maigrelet et bricolo a supplanté les grosses guitares typiques des années 90. La reformation ponctuelle de Second Rate il y a deux ans (pour la réédition discographique en vynil) nous avait procuré de bonnes sensations. On a décidé de reformer un groupe dans un genre que lui et moi n’avions pas pratiqué depuis plusieurs années, avec peut-être un côté punk rock mélodique un peu moins présent. Au départ, on s’était donné une ligne musicale assez claire : entre Jawbreaker, Texas is the Reason et Kepone. Même si au final c’est vraiment l’aspect  Jawbreaker/Texas is the Reason qui est resté. Chasse le naturel, il revient au galop.

3 – La fin du siècle dernier est votre univers dans ce disque/projet. Si on vous dit : Les 90’s c’était bien beau, mais il faut grandir maintenant et passer à autre chose, que répondez-vous ?

Que c’est pas faux, mais qu’il faudrait aussi prévenir tous les groupes revivalistes sans saveur et sans personnalité, caricaturaux à outrance,  qui tapent dans les gamelles stoner/seventies rock, post-punk/cold wave et neo garage-psyché, qu’eux aussi on eu une petite panne de réveil. La grosse différence, c’est que ce style -que l’on peut qualifier de power pop, emo core, alternative rock- nous l’avons vécu, nous l’écoutions et nous le jouions à l’époque. Si, en ce qui nous concerne, ça fonctionnait (musicalement) alors, je ne vois pas pourquoi ça ne fonctionnerait pas aujourd’hui. Après, on est bien conscients de ne pas trop rentrer dans les tendances hype éphémères actuelles des sphères indés (gros mot !)… mais à 40 ans, je t’avouerais qu’on se pose pas trop de questions de type carriéristes… je peux même dire qu’on ne s’en ai jamais posé, tout simplement. On joue ce que l’on a envie de jouer, et quand on est dans un local, avec ce line-up, ce sont ce genre de sonorités qui sont jouées, ne me demande pas de te l’expliquer plus rationnellement. Le monde de la musique, et plus globalement du divertissement et de la culture (c’est aussi valable pour le cinéma par exemple), est tourné vers la passé… ne nous blâme ça pour ça. On y est pour rien.

4 – Les Paroles ont l’air assez perso : émancipation, rapports humains. Qui s’en est chargé ? Travail collectif ou bien c’est le domaine réservé du vocaliste ?

C’est Sylvain (chant/batterie) qui se charge des paroles, basées sur son quotidien, son expérience personnelle, son parcours, ses ressentis, ses désillusions… qui dit emo core, dit forcément angle d’attaque plus ou moins émotionnel !

5 – L’album se clôt semblerait-il sur un instru dédié au sujet des soucoupes violentes. Faut-il y voir une nouvelle trace de votre indécrottable fascination pour la culture populaire déviante ?

Oui, en effet, et c’est une thématique pour le coup ultra ancrée dans les années 90. Il y avait eu un énorme regain d’intérêt pour les délires ufologistes à cette période, certainement dû à la série X-Files d’ailleurs… et même si ce n’est pas notre fond de commerce pour ce groupe, nous sommes tout trois passionnés de pop-culture, que ce soit de cinéma de genre, de littérature populaire, de bandes-dessinées, etc., ça permet donc aussi de glisser quelques trucs plus légers entre des morceaux où le propos est un peu plus froidement réaliste, mélancolique et sombre. « La vérité est ailleurs », paraît-il… ça tombe bien, car de vérités, avouons qu’il y en a bien peu ici bas ! 

TOP 5 – uniquement dans le domaine POWER POP / INDIE ROCK ALT 90’s. En gros, les disques qui ont fait que CAB DRIVER STORIES est CAB DRIVER STORIES !

TOP 5 – Sylvain
Sensefield : The Kill for Less et Building (ex aequo !)
Joshua : eponyme premier EP
Samiam : Clumsy et You Freaking Me Out (ex aequo !)
Texas is The Reason Discography : complète
Weezer : eponyme 

TOP 5 – Sam
Jawbreaker : Dear You
The Get-Up Kids : Four Minute Mile
Quicksand : Slip
Texas is the Reason : Do You Know Who You Are ?
Therapy? : Troublegum

TOP 5 – Mike
Pixies : Doo Little 
Smashing Pumpkins : Mellon Collie…
Pavement : Slanted and Enchanted
Weezer : Blue
Fugazi : End Hits

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